Quel cinéma africain ?
Une pléthore de réunions pour mettre en place une politique relative à l´industrie cinématographique et cependant, exception faite de l´Afrique du Sud, du Maroc, et de la Tunisie, aucun Etat africain n´a réussi à mettre en place une politique claire d´aide au cinéma.
Soit l´Etat est absent, soit quand il est là, il est interventionniste. Côté distribution, le tableau est également sombre. Partout, la vidéo pirate fait des ravages. Les circuits de distribution sont en déconfiture, et les salles sont revendues aux sectes religieuses pour servir de lieux de prière. Faute de soutien à la production cinématographique et d´aide à la diffusion, une seule chose est sûre : à terme, c´est tout le cinéma africain qui risque de disparaître.
La faiblesse des marchés locaux, souvent plus attirés par les superproductions hollywoodiennes que par leurs propres films, le désintérêt des pouvoirs publics, ont positionné le cinéma africain sur le fil du rasoir, le mettant dans une situation de dépendance par rapport aux subventions, financements et aides que le Nord veut bien lui allouer.
Le Fonds Sud, intégré dans le Ministère français des Affaires Etrangères, l´Avance sur recettes du Centre National du Cinéma français qui reste très anecdotique, puisque réservée aux films africains tournés en français, le FED ( Fonds européen de Développement ) qui concerne les pays de la zone ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) et qui dépend de la Commission européenne, sont ces bailleurs de fonds sans lesquels le cinéma africain n´existerait pas aujourd´hui.
Les télévisions européennes ont joué elles aussi, pendant un certain temps, un r ?crucial dans le financement du film africain. Cette générosité des télévisions du nord à l´égard des films africains était quand même très limitée. Il n´en demeure pas moins qu´elle avait le mérite d´exister, et d´aider à faire vivre des cinématographies suspendues à des aides institutionnelles souvent hypothétiques.
Mais depuis quelques années, l´heure est au désenchantement. Elles rechignent de plus en plus à miser sur les films africains, peu susceptibles de retenir des millions de téléspectateurs devant leur poste de télévision. Elles préfèrent réserver leur partenariat aux projets proposés par les grands noms du cinéma européen ou audimat et contraintes budgétaires obligent, aux films qui alignent quelques stars.
Les films du Sud n´intéressent plus les chaines de télévisions françaises.
Qu’est-ce qui peut aujourd’hui décider une chaîne à miser sur un film africain ? Les critères diffèrent selon les chaînes. Canal + veut des comédiens de renommée internationale. Arte intervient au compte-gouttes sur des noms consacrés, mais en fait, il n’y a pas de vraie stratégie.
Alors ? Que faire ?
En Afrique, il ne faut ni compter sur les Etats, ni sur les télévisions nationales dont l’état de misère suscite la pitié.
En Europe, le public déserte les salles qui projettent les films africains, et les chaînes de télévision désertent ces films.
Que faire ? Se tourner vers l’Afrique et commencer par conquérir notre public sinon il n’y aura bientôt plus d’abonnés au numéro cinéma africain.
Henri Duparc